Benny

Né au Québec, ayant vécu au Québec, parlant français, anglais et même le joual pour être accepté, ayant fait mes études ici, primaire, secondaire, collégiale et un bref passage à l’université, je me fait demander malgré tout : « Tu viens d’où? »

Je marche sur la rue Sainte-catherine et un Blanc passe à côté de moi. Ce dernier, par défaut, crois dans sa tête je suis un immigrant.

Autrefois, j’angoissais toujours pour des entrevues, pour des emplois, malgré que j’étais vêtu d’un complet, que je passais chez le coiffeur la veille pour avoir mes « dreads » bien soignées et que je faisais des exercices d’élocution. L’angoisse me rongeait à l’idée qu’il y aurait peut-être un interviewer avec des préjugés.

Avec plusieurs diplômes en poche je n’ai jamais trouvé ou conservé d’emploi régulier dans un mes domaines.

Tant et aussi longtemps que nous parlerons de Noirs et de Blancs le racisme est là pour rester. Les gouvernements Québécois/Canadien refusent d’exposer et/ou cachent la réalité du passé de l’esclavage ici. Le gouvernement est-il raciste? Oui, et ce par un racisme systémique. Quand on parle de discrimination positive ou de minorité visible c’est, selon moi, du racisme.

Où voyez-vous des gens autres que Blanc à la tête de grandes sociétés ou d’entreprises? Et que dire de nos politiciens qui font de l’aveuglement volontaire, ou devrais-je dire qui font preuve d’ignorance?

Ceci déteint sur l’ensemble de la population Québécois. Dire que ce n’est qu’une minorité c’est comme dire : « Moi je suis pas raciste, j’ai un ami noir » ou « tsé, je suis pas raciste mais les… ». Même ceux qui ne se disent pas raciste souvent veulent juste ignorer le problème.

Aussi, les Québécois sont souvent maladroits dans leurs paroles/propos/jokes en essayant d’être « cools ».

Plus les années avancent plus je me sens déconnecté. Le Québec que je connais ne me ressemble pas parce que on me pose encore des questions à cause de ma couleur, et je ne suis pas représenté : ni à la télévision, ni à la radio, ni dans les journaux, ni par les politiciens, et j’en passe.

De plus, je reçois souvent des traitements différents, des fois à mon avantage, mais très souvent à mon désavantage. Franchement, j’essaye de les ignorer.

« Black lives matter » ne devrait pas être un mouvement. Être Black n’est pas un mouvement. Tu es Black dès que tu te lèves le matin jusqu’au moment où tu te couches le soir, jour après jour.