Oumou

"Je me retrouve à constamment naviguer entre ces identités, mais me l’admettre est ardu."

« Tu seras toujours guinéenne, tu es née là-bas. On ne t’acceptera jamais ici, de toute manière. Alors, n’essaye pas d’être comme eux. » Me répète couramment mes parents immigrés ici, il y a 19 ans.

« Oh ben t’es une vraie Québécoise toé-lo, tô pas l’accent africain pantoute! Ayoye t’es presque née icitte! Tu parles-tu l’Africain à maison ? ». Me dit Rejean du travail, en jargon québécois.

« Ahh la grande Canadienne ! ». Me crie ma tante enthousiasmée, du bled (Guinée).

Simultanément, ces propos m’agacent et me flattent, car ils sont en partie véridiques. Je me retrouve à constamment naviguer entre ces identités, mais me l’admettre est ardu. Résultat, j’ai rarement émis de commentaires en retour, à ces personnes.

Alors, pour toutes les fois où je n’ai pas su répondre, je dis : Aujourd’hui, je suis québécoise parce que j’ai l'goût de parler joual avec Réjean d’la job. En plus, il veut tellement en apprendre sur ma culture. Demain, je serai canadienne, tiens. Je possède tout de même leur citoyenneté !

Puis le restant de la semaine, appelez-moi la Montréalaise. Ça inspire la jeunesse, le branché et l’ouverture d’esprit. J’aime ça. Certes, ce cocktail identitaire ne viendra jamais à bout de mes origines guinéennes. Donc maman et papa, no worries!