Virginie

"Nous avons la chance d’avoir, pour le moins à Montréal, un arc-en-ciel de diversité"

J’ai envie de parler de mon sentiment d’appartenance à la culture québécoise, car il représente un enjeu pour moi. J’ai aussi envie de parler de mon sentiment d’appartenance à la ville de Montréal, car il représente une fierté pour moi. Je suis malienne-gaspésienne née à Montréal. J’ai été élevée exclusivement par ma mère qui m’a inculqué sa culture, la culture québécoise. Depuis que je suis toute petite, je regarde la télévision avec ma mère, toutes ces émissions que je regarde sans me poser de question, parce que ma mère les regarde et que je veux faire comme elle. En grandissant, je m’aperçois qu’un sentiment étrange se creuse en moi. Dans toutes ces émissions québécoises que je regarde, dans toutes ces pièces de théâtre auxquelles j’assiste, je ne me vois pas. Puis un jour, je découvre des émissions de télévision étrangères, ontariennes, américaines… et enfin je me vois, j’existe ! Simplement, par la présence d’acteurs qui ne me représentent pas forcément de tous points, mais qui sont comme moi, issus de minorités, sans être stéréotypés, sans que l’on mette l’accent sur cette ethnicité, ils sont juste eux. Ça me fait toujours rire quand j’entends dire « les jeunes ne s’intéressent plus à la télévision, à la culture ». Eh bien, non, c’est totalement faux ! Je m’intéresse aux cultures qui ne sont pas homogènes, qui ne font pas que représenter un certain types d’individus comme le font à tort trop souvent les productions québécoises.

Qu’on le veuille ou non, la culture québécoise est composée de blancs anglophones (depuis ses fondements), d'autochtones (de langue innu, cri etc.), puis depuis le 20e siècle, elle est composée de diverses ethnicités (juive, italienne, vietnamienne, etc.). Oui, c’est important de défendre avec ferveur, sa langue et sa culture, mais ce n’est pas en ignorant les éléments minoritaires de cette culture que nous la préserverons. Si des jeunes comme moi, se tournent vers Netflix ou d’autre plateformes étrangères pour consommer de la culture, ce n’est pas pour des raisons technologiques, c’est simplement parce que le contenu qui m’est offert est diversifié, parce qu’il me représente plus que ma propre culture ne le fait. J’aimerais que les responsables de la culture québécoise comprennent l’importance de représenter les minorités, de ne plus les ignorer, de les considérer quand elles se disent brimées. Nous avons la chance d’avoir, pour le moins à Montréal, un arc-en-ciel de diversité. Soyons-en fiers !