Myriam

Le mouvement Black Lives Matter est essentiel car il permet de donner une voix à celles et ceux dont les paroles sont tues depuis trop longtemps. Il rend possible un futur où tou.te.s seront accepté.e.s comme il.elle.iel.s sont, pour ce qu’il.elle.iel.s sont, et non en se basant sur la couleur de la peau.

En tant que personne métisse, j’ai toujours été à califourchon entre plusieurs identités. J’ai la « chance » d’être   « white-passing » et d’avoir un nom de famille québécois, donc je crois n’avoir jamais vécu de discrimination sur papier. Le mouvement Black Lives Matter m’interpelle car je me sens le devoir d’y participer afin de dénoncer les injustices que mes proches ont vécues et continuent de vivre. Il permet l’éveil des consciences sur les multiples identités de la société québécoise, loin de l’image homogène que plusieurs s’en font.

J’ai souvent vécu des épisodes de racisme quand j’étais enfant et adolescente, notamment lorsque je ne lissais (chimiquement ou mécaniquement) pas mes cheveux. Jusqu’à récemment, je n’osais pas me présenter en entrevue, à une date ou tout autre événement important sans aplatir mes cheveux. Comment peut-on dire que notre société est ouverte d’esprit si tou.te.s ne s’y sentent pas libres de s’exprimer et de se présenter aux autres comme il.elle.iel.s le désirent ? Pourquoi une ancienne patronne (femme Blanche) s’est un jour donné le droit de me demander d’aplatir mes cheveux pour travailler, estimant que mes cheveux frisés ne faisaient pas « professionnel » ? Pourquoi tant d’années se sont écoulées avant que l’on ne voie des personnalités publiques s’afficher avec leurs cheveux naturels ?

Pour moi, le mouvement Black Lives Matter ne sert pas à démoniser les personnes non-Noires, mais plutôt à dénoncer les comportements engendrés par un racisme systémique latent au sein de la société québécoise.

Je m’appelle Myriam Chouinard. J’ai 31 ans. Je suis fière de dire que je suis une femme Noire, queer, féministe et tatouée. Il n’y a pas qu’une seule façon de vivre sa négritude, et personne ne pourra m’empêcher de revendiquer qui je suis